Saint-Georges-sur-Meuse, Commune hospitalière
Dans le soucis de complémenter, autant que de préciser, la proposition de motion émanant de la majorité communale actuelle MR-Cdh, visant à proscrire les visites domiciliaires, le groupe ÉCOLO – Locale de Saint-Georges-sur-Meuse, proposera, lors du conseil communal du premier mars prochain, l’adoption de la motion : Saint-Georges, Commune hospitalière
La Belgique et la commune de Saint-Georges, en particulier, est marquée par l’histoire des migrations. La mobilisation actuelle autour des communes hospitalières a pour objectif de défendre une vision de communes où la peur, le rejet de l’ «étranger» et le repli sur soi ne constituent pas notre unique horizon et où solidarité rime avec rencontres, avec partage, avec dignité. Beaucoup d’entre nous se sont un jour mobilisés parcequ’une famille de demandeurs d’asile allait être expulsée. D’autres opposés au départ à la venue de réfugiés ont appris à les connaître, à se rencontrer. A la méfiance a succédé la rencontre. Si les compétences en matière d’entrée, de séjour et d’éloignement des étrangers sont fédérales, que l’intégration est une compétence régionale, les collectivités locales sont néanmoins un acteur clef de l’accueil, de l’hospitalité et du respect des droits des migrants. Elles peuvent créer un cadre qui permette de sensibiliser leur population et d’améliorer l’accueil et le séjour des migrants qui résident sur leur territoire. Les migrants – quel que soit leur statut de séjour (demandeurs d’asile, réfugiés ou sans papiers) – doivent être considérés comme des citoyens comme les autres et doivent pouvoir jouir de leurs droits afin de participer pleinement à la vie locale. Considérant que les collectivités locales ont un rôle prépondérant à jouer dans la mise en place d’un climat positif vis-à-vis des migrants en favorisant la rencontre, le Collège a proposé au Conseil de voter une motion Liège « commune hospitalière » ce 26 septembre 2017.
Voici le texte proposé à l’adoption : Le Conseil communal, Vu les engagements européens et internationaux pris par la Belgique pour le respect des droits fondamentaux des personnes et en particulier des plus vulnérables (Déclaration universelle des droits de l’homme, Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, …) Vu les engagements pris par la Belgique en matière de protection des réfugiés dans le cadre de la Convention de Genève de 1951, vu les engagements de la Belgique pris en matière de relocalisations et de réinstallations, Vu l’article 23 de la Constitution belge garantissant à chacun le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine et de jouir de droits économiques, sociaux et culturels Considérant que l’Europe et le monde traverse une période où les migrants sont de plus en plus considérés comme des menaces pour nos sociétés, où les réponses politiques choisissent d’ériger des murs plutôt que des ponts, où les naufrages en méditerranée augmentent d’année en année, que des pays européens se retrouventseuls à faire face à l’accueil des migrants, que l’orientation en Europe inquiète de nombreux citoyens qui y voient une régression de l’histoire et une négation des valeurs qui ont fondé l’Europe d’après guerre Considérant la multiplication des crises et la prolongation des conflits amenant des femmes, des hommes et des enfants à prendre des routes migratoires de plus en plus dangereuses, parfois au péril de leurs vies, Considérant que les migrations ont forgé le monde et continueront de le faire, qu’elles soient choisies ou forcées – ou comme c’est souvent le cas – un peu des deux, que les migrations peuvent constituer une chance et un potentiel pour nos sociétés pour peu qu’une politique active d’accueil soit mise en place, Considérant que l’accueil des migrants n’est pas le seul fait des compétences fédérales, que le vivre ensemble relève aussi de l’échelon le plus proche des citoyens que constitue la commune, que c’est à cet échelon que la convivialité, la rencontre peuvent se construire entre tous les citoyens d’une commune, que les communes peuvent aussi faire la différence en prônant l’hospitalité au niveau local, Considérant que les communes – même dans un cadre restreint – ont une marge de manœuvre pour permettre aux migrants d’être mieux accueillis et soutenus, quel que soit leur statut Considérant que les institutions communales sont le premier échelon vers lequel les citoyens se tournent, que la confiance tant dans la police que les services administratifs est fondamentale pour le bien vivre ensemble, et qu’il faut éviter une rupture de confiance qui empêcherait les services de fonctionner au mieux qu’il s’agisse de la police, des écoles, des services communaux de proximité, Considérant qu’un meilleur accueil peut faire la différence dans le parcours d’intégration des migrants en leur donnant toutes les chances et leur permettant de faire partie intégrante de la vie locale, Sur proposition du Collège Communal, en sa séance du 16 septembre 2017, et après examen du dossier par la Commission compétente ; ADOPTE le texte de la motion visant à déclarer SAINT-GEORGES Commune Hospitalière A ÉTÉ PRISE la résolution ferme de respecter les droits fondamentaux des migrants présents sur leur territoire, S’ENGAGE à des actions concrètes visant à
SENSIBILISER la population sur les migrations et l’accueil de l’autre en:
- sensibilisant les élèves des écoles, les organisations de jeunesse et les groupes actifs sur la commune
- sensibilisant les fonctionnaires du service population, les agents de quartier aux droits des étrangers, à la diversité et au respect de l’autre
- soutenant les initiatives citoyennes, les bénévoles souhaitant venir en aide aux étrangers et primo-arrivants de la commune
- organisant et soutenir de rencontres interculturelles et de moments visant à la déconstruction des préjugés à l’attention de tous les résidents de la commune (Belges, Européens, étrangers avec ou sans papiers)
- organisant des séances d’information à la population
- promouvant dans les centres culturels communaux la diversité culturelle présente sur la commune et la rencontre entre les populations
- informant les entreprises locales sur les droits des migrants et leur accès au marché du travail
- sensibilisant les propriétaires des biens immobiliers au respect de la législation en matière de discrimination au logement
- encourageant un climat de respect mutuel, de confiance, et de convivialité dans la commune
AMÉLIORER l’accueil et le séjour des migrants dans le respect des droits humains (idem), par un accueil administratif de qualité des étrangers résidant dans la commune et des nouveaux arrivants
ACCUEIL
- dans les cas où l’offre est insuffisante, offrir des guichets, fonctionnaires et plages horaires en suffisance de manière uniformisée pour toute la population
- accueillir les étrangers en personne
INFORMATION DE QUALITÉ
- organiser des moments d’information sur les services/aides organisées dans la communes à l’attention de tous les résidents (Belges, Européens, étrangers avec ou sans papiers)
- communiquer une information correcte et spontanée sur les procédures de séjour, de mariage/cohabitation légale, d’accès à la nationalité, sur les services existants au sein de la commune et s’assurer que les étrangers comprennent les procédures
- mettre à disposition l’information existante sur les services dans les langues utilisées par les migrants faciliter l’utilisation de l’interprétariat social
- mettre en place d’un médiateur auquel la population peut faire appel qu’elle soit étrangère ou pas
RESPECT DES PROCÉDURES ET DES DROITS
- veiller au respect des délais légaux fixés (enquêtes de résidence, inscriptions au sein de la commune, transmission des dossiers aux autres administrations entre autres l’Office des étrangers et aux régions, délivrance des accusés de réception et annexes, renouvellement des titres de séjour,…)
- appliquer des tarifs identiques pour l’ensemble de la population sans faire de différence respecter les compétences communales et ne pas
- exiger de conditions supplémentaires non prévues par la loi (par exemple le certificat de coutume en cas de mariage, …)
- être vigilant dans les procédures de radiation et faciliter la procédure de réinscription par la commune
- respecter le droit à la vie privée et familiale lors de l’enregistrement des déclarations de mariage, cohabitation et de reconnaissance de paternité
LE SOUTIEN A L’INTÉGRATION DES MIGRANTS
- systématiser l’orientation vers les cours de FLE (Français Langue Etrangère)
- donner une information complète sur les parcours d’intégration
- susciter et soutenir l’intégration socio-professionnelle des migrants via les
- organismes communaux compétents (missions locales, bureaux d’aide aux entrepreneurs) et orienter vers les organismes régionaux compétents (VDAB, Actiris, FOREM et guichets entreprise)
- soutenir des initiatives d’accès au logement digne quel que soit la situation de séjour
- délivrer une information de qualité concernant la nationalité belge
L’ACCUEIL SPÉCIFIQUE DES DEMANDEURS D’ASILE ET DES RÉFUGIÉS
favoriser les rencontres entre les habitants et les résidents des centres (culturelles, sportives…) organiser des séances d’information entre habitants et résidents des centres susciter les initiatives de solidarité de la population locale vers les résidents des centres (collecte de meubles, …) dans le cadre de la transition de l’aide matérielle vers l’aide financière, assurer un accompagnement personnalisé et l’aide à la réinstallation. Le cas échéant, ils peuvent proposer l’ouverture d’une initiative locale d’accueil. avoir une attention spécifique pour les MENA (mineurs étrangers non accompagnés) en leur assurant logement et accueil approprié informer la population locale de la possibilité de devenir tuteur pour les MENA favoriser l’intégration scolaire des enfants réfugiés et des MENA
Le respect des droits fondamentaux des personnes sans papiers
LOGEMENT
• soutenir – ou du moins ne pas empêcher- les éventuelles occupations collectives (de personnes sans papiers) présentes sur le territoire communal; ou, le cas échéant, trouver une alternative de logement de moyen à long terme pour les occupants; • garantir l’accès aux hébergements d’urgence y compris aux personnes sans papiers
INFORMATION
• délivrer une information claire et précise concernant leurs droits (Aide Médicale Urgente, demande de régularisation, scolarité des enfants, aide juridique,mariage, …)
SANTÉ & SCOLARITÉ
• Faciliter et renforcer l’accès à l’aide médicale urgente de qualité (entre autres le remboursement de soins dentaires, uniformiser l’accès à la carte médicale urgente pour les sans-papiers n’ayant pas de domicile fixe sur base de la procédure existante pour les sans-abris….) • Développer la carte médicale urgente dans les CPAS • Favoriser l’inscription des sans papiers dans les écoles de promotion sociale, les bibliothèques, les centres sportifs de la commune • permettre aux jeunes scolarisés sans papiers qui atteignent l’âge de 18 ans en cours de scolarité secondaire de terminer le cycle entamé et de voir leurs diplômes homologués.
ARRESTATION
- de bien préciser les motifs de convocation dans les courriers adressés par les communes aux sans papiers, comme le rappelle l’arrêt de la Cour Européenne des Droits de l’Homme prononcé dans son arrêt Conka contre la Belgique en 2002,
- de faire respecter l’article 15 de la Constitution qui stipule le principe d’inviolabilité du domicile en ne procédant à aucune arrestation sans mandat du juge au domicile d’une personne sans-papier, d’éviter d’utiliser des procédés comme des ruses qui viseraient à contourner le principe fondamental de l’inviolabilité du domicile,
- de faire primer le statut des victimes lors d’une plainte déposée par une personne sans-papier (permettant ainsi de construire une police de proximité dans laquelle tout citoyen a confiance pour dénoncer des infractions commises)
- De ne pas procéder à des arrestations sur base de l’irrégularité du séjour des personnes, des enfants ou des familles sans papiers sur le chemin de l’école, aux abords des écoles, à la sortie des lieux de culte, des occupations, dans les transports en commun ou dans les lieux où des services d’aide sont offerts ; de ne pas fonder les opérations de contrôle d’identité sur base d’un profilage ethnique
- de ne pas permettre à la police communale (sur ordre de l’OE) de procéder à l’arrestation de personnes ayant fait la demande de regroupement familial et de bien respecter la non arrestation des personnes se trouvant en procédure de regroupement familial et/ou ayant un ou des enfants qui réside(nt) sur le territoire communal ;
REFUSE
tout repli sur soi, amalgames et propos discriminatoires qui font des migrants des ‘boucs émissaires’ et enferment des milliers de personnes dans des zones de non-droit
DEMANDE
aux autorités belges compétentes et concernées de remplir pleinement leurs obligations européennes en matière de relocalisation et de réinstallation des réfugiés et se déclare solidairedes communes en Europe ou ailleurs confrontées à un accueil important de réfugiés
MARQUE
sa ferme opposition à toute forme de politiques migratoires qui entraînent des violences et des violations des droits humains des personnes migrantes
Pour cette raison, SAINT-GEORGES se déclare Commune Hospitalière.
https://www.rtc.be/video/info/sociye-tye-/migrants-liege-premiere-ville-hospitaliere-_1496391_325.html